Grand Paradis – Angélique Villeneuve

Quatrième de couverture :  

Fleuriste dans une station balnéaire, Dominique a l’impression de passer à côté de son existence. A l’aube de la cinquantaine, elle hérite de souvenirs de famille, dont le troublant portrait d’une aïeule inconnue d’elle: Léontine. Le cliché, signé Albert Londe, photographe jadis associé au professeur Charcot à la Salpêtrière, la représente en pleine phase hystérique. Se plongeant dans les archives du célèbre hôpital, Dominique va en découvrir davantage sur cette lointaine parente, sur les siens… et enfin sur elle-même.

 

Mon avis :

Voici un petit roman qui se lit vite et ne peut laisser indifférent. La narratrice, Dominique, s’inquiète pour sa sœur, Marie, alcoolique notoire. Cette dernière, prise d’une énième crise, entasse quelques affaires dont elle veut se débarrasser, dans une carriole. A charge pour « Do » de prendre ce qu’elle veut. C’est à ce moment là que tout commence. La narratrice va alors trouver des photos, dont celui d’une soit-disant aïeule, Léontine, atteinte de blépharospasme hystérique, maladie neurologique grave. S’ensuit alors une recherche de la part de la narratrice afin de déterminer l’étendue du mal sur les descendants de Léontine. Et si les crises de Marie s’expliquaient ainsi ? N’était-elle pas elle-même touchée par cette maladie insidieuse ?  Après tout, sa sœur lui avait bien dit que son père était parti à cause d’elle, à cause de sa santé… Une véritable quête s’ensuit.

Je disais que ce livre ne pouvait pas laisser indifférent le lecteur. En effet, l’écriture, claire, simple, est cependant mimétique de cette recherche. Dominique ressasse les choses. On entre dans ses pensées, on devient quasiment le personnage qui ne peut se calmer tant qu’elle ne saura pas. L’histoire est ponctuée, comme la vie de la protagoniste principale, par Grand Paradis, ce lieu de son enfance qui, seul, l’apaise. Le lecteur ne peut qu’être actif. Tous ses sens sont en éveil et il ne pourra se reposer qu’en refermant ce roman. Se reposer ? Pas si sûr finalement…

 

Extrait :

« Et survint ma première vision.

Elle entre dans la boutique, je n’ai pas la moindre idée de comment peut se présenter un studio de photographie à l’époque, mais elle entre, avec un adulte sans doute, sa mère ou son père, ou peut-être les deux, pourquoi pas, ses frères, ses sœurs, jamais il ne m’était venu à l’esprit qu’il puisse y avoir d’autres enfants dans la famille, mais maintenant, 72, rue des Fonderies, j’imagine des ribambelles de Lenoir se pressant, bousculant la toute petite fille en bottines, allons viens, la tirant par le bras, dépêche-toi, la soulevant de terre, ne touche pas ta robe avec tes mains sales, tu feras bien ce que le monsieur te dira, tu souriras et tu ne bougeras pas, tu vas tenir cette fleur-là, cet œillet rose, c’est une belle chose que cette fleur, tu aimes les fleurs, hein, serre-la contre toi comme on te le demande, ne prends pas cet air ahuri, Léontine, regarde ta mère, regarde le monsieur, n’aie pas peur, Léontine, je te dis d’arrêter d’avoir peur, toujours cette inquiétude, derrière toi, tapie, ah, tais-toi Léontine, tu me fatigues avec ta peur, avec ta souffrance.

J’aurais voulu en rester là. »

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