La Promenade au jardin. La chanson de Garin de Monglenne, XVe siècle (BNF)
Ce poème du XVe siècle n’est pas sans rappeler celui d’Alain Chartier, La belle Dame sans mercy. Dans ce texte, une jeune femme se présente au chapelain du Manoir d’Amour, répondant au nom de Bien Celer, afin de confesser ses crimes : elle s’accuse de ne pas avoir répondu à l’amour de son amant. Selon cette dernière, elle a péché contre les sens (elle ne l’a pas regardé, ne lui a pas parlé, ne l’a pas écouté, ne l’a pas serré dans ses bras). D’autre part, elle a commis les sept péchés capitaux et n’a pas accompli les œuvres de miséricorde puisqu’en ne répondant pas à l’appel de son amant, elle l’a laissé désemparé :
« Helas, et de les revestir,
j’ay eu petite volonté,
Ainçoys ay voulu devestir
Ung povre de joyeuseté. »
j’ay eu petite volonté,
Ainçoys ay voulu devestir
Ung povre de joyeuseté. »
Le chapelain l’incite donc à prononcer le Confiteor et lui donne comme pénitence, entre autre, d’accorder son corps et son cœur à l’amoureux transi. Le poème se termine sur une ballade dans laquelle Bien Celer lui donne l’absolution :
« L’absolucion vous depars
Ou nom d’Amours, le dieu vaillant.
Et par ainsi de vous me pars.
Or ne soiez plus deffaillant,
N’alez vostre cueur esveillant
A chescun que regarderez.
Quant loiaulte bien garderez,
Vous vendrez a salvacion,
Touz les beaulx motz que vous direz
Soient vostre remission. »
Ou nom d’Amours, le dieu vaillant.
Et par ainsi de vous me pars.
Or ne soiez plus deffaillant,
N’alez vostre cueur esveillant
A chescun que regarderez.
Quant loiaulte bien garderez,
Vous vendrez a salvacion,
Touz les beaulx motz que vous direz
Soient vostre remission. »
Il faut savoir que le thème de la confession est courant au XVe siècle puisque c’est précisément à cette époque que fleurirent les différents manuels sur le sujet.
Ce poème, parodique, on l’aura compris, puisque transposant l’amour physique à l’amour divin, n’a été publié qu’au XVIIIe siècle par Lambert Douxfils. Celui-ci l’avait trouvé dans la bibliothèque des Ducs de Bourgogne. Cependant, il l’écourta. Un siècle plus tard, un poète et critique belge, André Van Hasselt, le publia intégralement.