Celse

Celse a écrit un des plus importants traités de la médecine. Il est toujours intéressant de lire ces textes, soit pour voir l’évolution de la médecine, soit pour voir… que l’on n’a rien inventé !

Voici quelques extraits (Traduction de M. Nisard)

Livre 1 , chap 3 :

Il faut encore avoir égard aux saisons de l’année. On doit en hiver se nourrir davantage et moins boire; mais aussi, boire son vin plus pur. Il convient de manger beaucoup de pain, de la viande bouillie de préférence, et peu de légumes.

Un seul repas par jour suffira, à moins toutefois, que le ventre ne fasse pas ses fonctions. Si l’on déjeune, que ce soit avec des aliments secs et en petite quantité, sans prendre de viande et sans boire. Tout ce que l’on mange à cette époque de l’année doit être chaud, ou de nature à développer de la chaleur. Les plaisirs de Vénus présentent alors moins de danger. Au printemps, il faut diminuer les aliments et boire davantage; mais les boissons seront plus affaiblies. La viande et les légumes deviendront d’un usage plus fréquent, et l’on passera par degrés des viandes bouillies à celles qui sont rôties. C’est le temps où l’amour est le plus favorable. En été le corps a plus souvent besoin de nourriture et de boissons, et l’on fait bien alors de déjeuner. La viande et les légumes conviennent dans ce cas parfaitement; et quant aux vins, ils doivent être assez étendus d’eau pour apaiser la soif sans exciter de chaleur. Les bains froids, la viande rôtie, les aliments froids ou qui rafraîchissent, sont de même indiqués. Il faut à cette époque manger d’autant moins à la fois, qu’il est nécessaire d’y revenir plus souvent. L’automne, en raison des vicissitudes de l’air, expose à de grands dangers ; aussi ne doit-on jamais sortir que vêtu et chaussé, principalement les jours où le temps s’est refroidi. Il ne faut pas non plus passer la nuit dehors; ou dans ce cas être bien couvert. On peut commencer dès lors à se nourrir davantage ; on boira moins de vin, mais on ne sera pas tenu de l’affaiblir autant. On a prétendu que les fruits étaient nuisibles, parce qu’en général on en mange immodérément tout le jour, sans rien retrancher de sa nourriture ordinaire ; mais ce ne sont pas les fruits, c’est l’excès en tout qui fait mal, et même il y a moins d’inconvénients à abuser des fruits que des autres aliments. Ce n’est pas une raison cependant pour se livrer plutôt à cet abus qu’à tout autre; et si cela arrive, il faut diminuer alors le repas habituel. En été, comme en automne, les plaisirs de Vénus sont contraires. Ils sont moins à craindre, il est vrai, dans cette dernière saison ; mais il faudrait pouvoir s’en abstenir entièrement pendant l’été.

Livre 2, chap 24 :

Les aliments les plus convenables à l’estomac sont : les substances astringentes, acides et médiocrement salées; le pain non fermenté, l’épeautre lavé, le riz, la décoction d’orge; les oiseaux, le gibier, rôtis ou bouillis : parmi les animaux domestiques la chair de bœuf, ou si l’on en préfère une autre, il vaut mieux que ce soit d’un animal maigre que d’un gras : les pieds, le groin, les oreilles du cochon, et les matrices des femelles qui n’ont point porté : parmi les plantes potagères, la chicorée, la laitue, le panais, la citrouille bouillie, le chervi : parmi les fruits, les cerises, la mûre, la corme, la poire cassante, comme il en vient à Crustume et à Névie, celles qu’on peut garder, comme les poires de Tarente et Signie; les pommes arrondies de Scandie ou d’Amérie, le coing, la grenade, les raisins de caisse, les œufs frais, les dattes, les pignons, les olives blanches trempées dans de la saumure forte ou marinées dans du vinaigre, les olives noires cueillies bien mûres et gardées dans du vin cuit, ou dans le vin fait avec des raisins séchés au soleil ; le vin astringent ou même âpre, le vin traité par la résine; les poissons fermes de la classe moyenne, les huîtres, les pectones, tous les murex, les pourpres, les colimaçons; tous les aliments solides et liquides, froids ou très chauds ; l’absinthe.

Livre 6, Chap 9 :

Les maux de dents, que l’on peut mettre au nombre des plus cruelles souffrances, doivent faire interdire le vin. La diète est aussi de rigueur dans le commencement, et plus tard il ne faut prendre en petite quantité que des aliments sans résistance, pour que la douleur ne soit pas exaspérée par la mastication. On expose ensuite la partie malade à des vapeurs d’eau chaude qui se dégagent d’une éponge; et l’on emploie, comme topique, du cérat fait avec l’huile de troène ou d’iris, en recouvrant le remède d’un morceau de laine : l’on tient la tête, couverte. Si la douleur devient plus intense, il est utile de prendre des lavements, d’appliquer sur la mâchoire des cataplasmes chauds, et de tenir dans la bouche un liquide médicamenteux et chaud, qu’on renouvelle souvent. On remplit cette dernière indication en faisant bouillir dans du vin mixtionné de la racine de quintefeuille ou de jusquiame; pour celle-ci on se sert aussi d’oxycrat, et l’on ajoute à l’une et à l’autre un peu de sel. On fait bouillir de la même manière de l’écorce de pavot prise avant d’être trop desséchée, ou de la racine de mandragore; mais il faut avoir soin de ne point avaler l’une de ces trois dernières substances. On se trouve bien aussi d’employer l’écorce blanche de la racine de peuplier bouillie dans le vin mixtionné, la râpure de corne de cerf bouillie dans du vinaigre, la décoction de calament, de pin chargé de résine, et de figue grasse dans l’hydromel ou le vinaigre, avec addition de miel : on filtre la liqueur lorsque la figue a suffisamment bouilli. On peut encore plonger dans de l’huile chaude un stylet enveloppé de laine, puis le porter sur la dent malade. Quelques-uns même appliquent sur la dent des médicaments en forme de cataplasmes. On prend pour cola la pulpe d’une grenade acide et desséchée, qu’on écrase avec parties égales de noix de galle, d’écorce de pin, de minium, et on lie le tout avec de l’eau de pluie : ou bien on triture ensemble parties égales de panax, d’opium, de queue de pourceau et de staphisaigre, sans les graines; ou l’on mêle trois parties de galbanum avec une d’opium. Quelque médicament qu’on ait mis en contact avec la dent, il n’en faut pas moins appliquer sur la mâchoire l’un des cérats dont j’ai déjà parlé, et recouvrir le topique d’un morceau de laine. On conseille encore la préparation suivante : myrrhe, cardamome, ana P. *. I., safran, pyrèthre, figue, ana P. *.IV.; moutarde P. *. VIII : après avoir broyé ces substances, on les étend sur un linge qu’on applique au bras du côté de la dent malade; si celle-ci tient à la mâchoire supérieure, on pose le topique en arrière, et on le met en avant si elle appartient au maxillaire inférieur. Ce remède calme ordinairement la douleur, et on doit l’enlever dès qu’il a produit de l’amendement. A moins d’indication pressante, il ne faut point se hâter d’extraire la dent lors même qu’elle serait cariée ; et, comme auxiliaires à tous les moyens indiqués plus haut, on joindra des préparations qui apaisent encore plus efficacement la douleur. Celle-ci, par exemple : opium P. *. I.; poivre P. *. II.; sory P. *. X. Le tout, écrasé, a le galbanum pour excipient, et est mis en contact avec la dent. La composition de Ménémachus, efficace surtout pour les dents molaires, se compose de safran P. *.I.; cardamome, suie d’encens, figues, pyrèthre, ana P. * IV.; moutarde P.*. VIII. D’autres font un mélange de pyrèthre, de poivre, d’elatérium, ana P. *. I.; d’alun de plume, d’opium, de staphisaigre, de soufre non brûlé, de bitume, de baies de laurier, de moutarde, ana P. *. II. Quand la douleur exige qu’on sacrifie la dent, on introduit, dans le creux qu’elle présente, de la graine de moutarde, dont on ôte la pellicule, ou bien une baie de lierre dépouillée de la même façon. Par l’action de ces substances, la dent se fend et s’en va par esquilles. On obtient le même résultat en appliquant le dard du poisson plat que les Romains appellent pastinaca et les Grecs τρυγών; après avoir torréfié cette partie, on la réduit en poudre, et on la mêle à de la résine. L’alun de plume, placé dans la dent cariée, en accélère aussi la chute : toutefois il vaut mieux l’envelopper d’un petit flocon de laine et le porter au fond du trou, parce qu’on apaise ainsi la douleur, tout en conservant la dent. Ce sont là les remèdes que les médecins prescrivent ; voici celui que l’expérience enseigne aux gens de la campagne contre ces maux de dents : ils arrachent la menthe sauvage avec les racines, la mettent dans un bassin rempli d’eau auprès du malade, qui est assis et bien enveloppé : ils font alors tomber dans l’eau des cailloux brûlants, et le malade ouvrant la bouche reçoit la vapeur qui s’élève, et ne peut trouver aucune issue sous les couvertures. Ce remède excite une sueur abondante, et détermine par la bouche un écoulement de pituite. La guérison qui en résulte est souvent durable, et se prolonge pour le moins une année entière.

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Asphodèle dit :

    Il y a du bon sens mais aussi beaucoup d’hérésies !!! Cependant, à noter dans le « bon sens » que la médecine commençait par notre alimentation…et nous ferions bien d’en prendre de la graine plutôt que de nous bourrer de substituts vitaminés dont notre époque « riche » pourrait nous dispenser si nous mangions simplement équilibré « de tout mais pas en excès », isn’t it ? 😆

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    1. LydiaB dit :

      Je suis bien d’accord !

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