Quelle joie de retrouver une version des « Plumes » chez Mind The Gap ! Voilà qui va me dérouiller un peu les neurones. La règle ? Placer cette liste de mots dans un texte de notre création : Aquarelle, Voyelle, Mirabelle, Maternelle, Stèle, Éternel, Bretelles, Ribambelle, Infidèle, Dentelle, Cannelle, Passerelle, Balancelle, Ritournelle. Il fallait que cela rime avec Asphodèle, vous l’aurez compris.
Voici donc mon texte :
Jeanne
Charles était connu dans le petit port de Saint-Gilles. Il arrivait dès l’aube, non pas à l’heure où blanchit la campagne comme l’aurait dit ce brave Victor Hugo, mais à l’heure où la lumière était la plus intéressante. Non, Charles n’était pas pêcheur mais peintre. Il aimait monter son chevalet au milieu des marins d’un jour s’affairant autour des bateaux. Ces derniers l’avaient pris d’abord pour un illuminé mais son art n’était pas passé inaperçu. Certains lui avaient même acheté quelques toiles. Mais depuis quelques temps, Charles était infidèle, infidèle à sa peinture. Non pas qu’il avait trouvé un autre loisir, mais plutôt par panne artistique. La ribambelle de voiliers ne l’inspirait plus. Il lui fallait trouver un autre sujet. L’âme en peine, il vadrouillait dans la ville, promenant sa chienne Voyelle. Il lui fallait se remonter les bretelles ! Il ne pouvait pas rester ainsi, sans rien faire, lui, artiste devant l’Éternel ! Déambulant dans les petites rues, il regardait sans réellement être attentif les boutiques du quartier lorsque son attention s’arrêta devant la vitrine d’un quincailler. Un petit service à café se trouvait là, dont l’étiquette jaunie indiquait un prix dérisoire. Sa dentelle de porcelaine, le petit dessin sur les tasses le renvoya aussitôt cinquante ans en arrière, dans la cuisine de sa chère grand-mère Jeanne. L’odeur de cannelle saupoudrée sur la tarte aux pommes chaude, les mirabelles jaunes et rebondies dans le panier à fruits, quelques fleurs dans le vase… et surtout, mamie Jeanne. Il aimait aller y prendre son goûter. Il avait cinq ou six ans. Ils allaient ensuite dans le jardin. Ils empruntaient la passerelle qui enjambaient le petit ruisseau où il aimait capturer des têtards. Les asphodèles embaumaient l’air. Ils prenaient place sur la balancelle et mamie le prenait dans ses bras en chantant une petite ritournelle qu’il avait toujours en tête. Les larmes lui vinrent aux yeux. Jeanne dormait depuis longtemps sous une stèle austère. Il allait raviver son souvenir. En faire des aquarelles. Ainsi, la cuisine rustique, le petit jardin, la figure maternelle resteraient à jamais dans l’Histoire. C’était sa petite mamie qui, désormais, serait sa Muse.
Edit : Je vous invite à aller voir les textes des autres participants :
- Antiblues
- Mind The Gap
- Pativore
- Soène
- Sharon
- Aliénor
- Laurence
- Emilie Berd
- Valentyne
- Martine 27
- Célestine
- Syl
- Laure
- Patch Cath
- Asphodèle
- Et la retardataire, Marie-Jo
Coucou Lydia
On a tous une petite « madeleine » dans le coeur 😆
Et il suffit d’une petite étincelle pour que l’inspiration renaisse 😉
Ton texte sent bon le vrai et on se coule dans l’histoire tout simplement.
Le petit service en porcelaine, à moi aussi, ça me rappelle des souvenirs d’enfance 😉
Merci pour ce doux retour dans l’enfance.
Gros bisous
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Merci beaucoup Soène ! Je manquais cruellement d’inspiration et je suis contente que le texte sente bon le vrai. Gros bisous !
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C’est bien amené, on lit avec plaisir, en se demandant comment tu t’y prends pour placer chaque mot ! Bravo !
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Merci Antiblues ! Ça me fait plaisir !
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Étranges coïncidences : ces mots ont aussi servi à Laurence pour évoquer la panne d’inspiration.Ils t’ont conduite dans la boutique d’un quincailler, ils ont amené Laurence dans une boulangerie. J’appelais ma grand-mère « Mamie Jeanne » et mon Papa était boulanger !!!
Concordances troublantes…
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Comme quoi…
C’est rigolo quand même ces coïncidences ! Je précise quand même pour ceux qui ne connaissent pas « Les Plumes » que chacun a fait son texte dans son coin, l’a programmé pour le 9 juillet, date anniversaire de l’atelier d’écriture et a envoyé le lien à l’organisateur qui devait le placer aujourd’hui dans son billet (ce qui est fait).
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Tiens, je viens d’aller voir le texte de Laurence… Autre coïncidence : le prénom employé est celui de mon mari !
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Tu manquais d’inspiration ? mais c’est si beau, si émouvant !
J’ai plein de vaisselles et d’objets qui me rappellent ceux qui sont partis et que j’ai aimés.
Biz
(Je suis dans les dernières pages de Frénégonde !)
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Oh, merci, c’est gentil, ça me touche !
Mais tu as déjà Frénégonde ? Quelle rapidité !
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Je l’ai reçu en 2 jours.
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Rapide et efficace ! 😉
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Ha ben il finit bien ce texte, avec l’évocation de cette mamie qui permet au peintre de retrouver son inspiration !
Ha ha, la chienne qui s’appelle Voyelle….bien joué mais c’est limite coup de règle sur les doigts non ??
Quoi qu’il en soit, il est beau comme tout ton texte !
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J’avoue que pour le prénom de la chienne, j’ai un peu forcé. Mais bon, pourquoi pas, hein !!!
Merci beaucoup en tous les cas. Je n’avais pas vraiment d’inspiration. Un peu comme le personnage.
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Coucou Lydia
Quelle jolie déambulation, dans le port mais aussi dans le passé.
Très joli hommage aussi, à celles et ceux qui ont fait ce que nous sommes.
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Merci, merci !
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Je lis tous les textes les uns après les autres, c’est génial de voir comment chacun s’est débrouillé avec cette contrainte :! Comme les autres, j’aime ta déambulation dans le passé….
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Oh, merci Sandrion, c’est très gentil.
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Mais ne serait-ce pas le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie que ce peintre admire chaque jour ? sinon qui n’a pas dans ses souvenirs une mamie Jeanne qui faisait des tartes aux pommes à la cannelle , en ce qui me concerne c’est ma madeleine de Proust l’odeur de pomme dans une maison😊…
Et puis on reconnaît ton talent car les mots en elle ne se sentent pas du tout décidément ces plumes et donne la nostalgie qu’elles provoquent en moi laissent à lire de très beaux textes dont le tien bien sûr. Gros bisous ma Lydia💔
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Si !!! Tu l’as reconnu ! Ma mamie ne me faisait pas du tout des tartes aux pommes à la cannelle mais j’ai toujours en tête l’odeur du gâteau au yaourt. Elle ne cuisine plus trop à son âge mais ça nous fait toujours plaisir d’en parler.
Merci beaucoup pour tes compliments mon Asphodèle ! Je n’avais franchement pas d’inspiration mais je tenais à participer à ces nouvelles « Plumes ». Alors je me suis lancée sans filet.
Je t’embrasse très très fort.
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Et tu as bien fait de te lancer…bisous ma Lydia♥
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Merci ! Bisous mon Aspho !
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L’angoisse de la toile blanche revisitée à la madeleine… j’aime beaucoup… et
ça me parle d’autant plus qu’on vient de me demander si je n’avais jamais songé à laisser une trace de mon passage… peut-être ces petits-enfants que je n’ai pas encore le feront-ils pour moi ? 😉
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Merci beaucoup !
La trace de notre passage… c’est quelque chose qui a taraudé plus d’un poète ! 😉
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C’est beau et émouvant 🙂
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Merci beaucoup ! 🙂
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J’aime beaucoup la déambulation de ton peintre et les souvenirs évoqués, pleins de tendresse. Je me suis laissée porter par le rythme nostalgique qui en émane.
Effectivement nos inspirations se recoupent… Parfois il y a des mots qui évoquent plus que d’autres des histoires. On a dû y « voir » ou « entendre » l’absence de quelque chose…
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Merci beaucoup Laurence. Oui, c’est certainement ça.
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Voilà un texte qui sent bon…d’abord la térébenthine, chère aux peintres et puis la cannelle…chère à cette chère Mamie Jeanne.
Je me suis régalée les papilles olfactives.
¸¸.•*¨*• ☆
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Merci beaucoup Célestine ! C’est très gentil.
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Exercice fort bien réussi. J’admire
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Oh, merci Zazy !
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va falloir que je teste ce jeu de plumes un de ces 4 mais là j’ai vraiment la flemme
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🙂
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Un joli souvenir qui reprend vie sous ta plume pour ces « el » imposés 😉
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Merci ! 🙂
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Il est magnifiquement dépeint, ce tableau plein de nostalgie!
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Merci Emilie !
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Bravo Lydia. Tu connais le prénom de « mon Charles à moi » ! J’espère qu’il se souviendra longtemps après que mamie Jo ait avalé son bulletin de naissance, du petit flan caramel que je lui fais tous les lundis après être allé le chercher à l’école. Il en connait la recette, peut-être le fera-t-il un jour à un de ses petits-enfants ? Bon, moi qui n’ai pas l’habitude de me projeter très loin, voilà que je m’emballe ! 😀
J’aime bien le prénom de la chienne ! Les chiens de ma belle-sœur avaient pour prénom : Trésor et Nougat ! Alors pourquoi pas Voyelle ? Le rapport entre les trois ? Aucun ! 😀 Je rigole. Bisous
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Ne t’inquiète pas, on se souvient très longtemps des recettes de sa mamie, de leurs parfums….
Gros bisous.
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Bravo, quel charmant texte ! Très bien vu ce petit détail qui souvent nous replonge dans nos souvenirs d’enfant.
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Merci Martine !
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