
Voici la liste des mots à insérer : Précipitation, pied, éclair, boîte, courir, vélo, temps, diligence, minute, pédales, risquer, ralentir, remède.
L’accident
Le docteur arrêta sa diligence devant la ferme des Martin et entra sans perdre une minute dans la vieille maison familiale. Personne. La cuisine embaumait, un repas était en train de mijoter sur le vieux poêle. Il regarda sa montre à gousset : 11h30. Il n’avait pas chômé encore ce matin ! Une dizaine de patients à visiter, il n’avait pas vu passer le temps.
– Madame Martin ?
Rosalie Martin passa la tête dans l’escalier, tel un diable sorti de sa boîte.
– Montez docteur, c’est pour Antoine, il est dans sa chambre.
Le docteur monta les marches un peu abruptes, se demandant comment il n’y avait pas plus d’accidents dans ces vieilles chaumières où les escaliers étaient irréguliers, les planchers brinquebalants. Le petit patient était là, les paupières gonflées par les larmes. Il remarqua son pied, enflé et bleui.
– Alors Antoine, que t’arrive-t-il ?
Le temps que le petit lui réponde, il manipulait doucement le pied, palpant la région plantaire avec attention.
– Je suis tombé de vélo… répondit le petit en grimaçant de douleur.
– C’est arrivé hier Docteur, pendant l’orage. Toinou était allé aider son oncle à rentrer ses vaches. Il y a eu un éclair, il a eu peur et a perdu le contrôle de son vélo. Un mauvais coup de pédale et il s’est retrouvé à terre. Il boitait, on a cru que c’était le coup mais ce matin ça avait enflé.
Le médecin farfouilla dans sa trousse, en sortit un tube de pommade.
– Avez-vous un linge propre que l’on pourrait tailler en bandes ?
– Oui, bien sûr Docteur. Alors, qu’est-ce qu’il a mon Toinou ? Ce n’est pas grave au moins ?
– Non, rassurez-vous, c’est une belle entorse. Il regarda le petit, soulagé par le ton rassurant du praticien. Je vais te donner des remèdes contre la douleur, à ne prendre que si tu ne la supportes plus. Mais il va falloir être patient Antoine. Tu vas guérir à condition de ne pas poser le pied par terre avant un mois.
Des larmes roulèrent sur les joues du jeune blessé. Il ne pourrait pas participer à la course de la kermesse et gagner le beau lot du vainqueur : un énorme jambon qu’il aurait voulu offrir à sa mère qui se saignait aux quatre veines pour les faire vivre depuis que son père était parti rejoindre ses ancêtres. Le docteur comprit de suite la tristesse d’Antoine.
– Allez, petit, ce sont des choses qui arrivent. Tu es jeune et ça va bien se remettre. Mais il ne faut pas ralentir la guérison en faisant des efforts. La kermesse est dans une semaine. Si tu te mets à courir, tu risques de te blesser davantage. Tu ne voudrais quand même pas qu’on t’appelle le boiteux toute ta vie? Alors pas de précipitation jeune homme, dit-il en massant la cheville et en lui faisant un bandage.
– Mais oui Toinou, le docteur a raison, tu vas rester tranquille. Tu concourras l’an prochain, rien ne presse ! Combien je vous dois Docteur ?
Il connaissait la famille Martin depuis longtemps, s’était rendu au chevet de Robert lorsqu’il avait fait sa crise cardiaque. Il savait bien que Rosalie ne pouvait pas le payer.
– Il est presque midi et l’odeur de ce plat qui mijote a aiguisé mon appétit. Si vous acceptez que je reste manger avec vous, nous serons quittes. Je sais que vous êtes une excellente cuisinière.
– Oh, mais bien sûr, dit Rosalie en rosissant. Tenez, descendons, vous pourrez vous installer. Toinou, je vais te monter ta part, il faut que tu manges.
Antoine se redressa dans son lit. Les paroles sensées du médecin l’avaient réconforté.
– Docteur ?
– Oui, Antoine ?
– Merci pour tout !
Le praticien lui fit un clin d’oeil. Ce gosse de dix ans était déjà mature à son âge. Il savait qu’il écouterait ses conseils.
Flaubert n’aurait pas fait mieux !
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Oh, c’est gentil, ça, ça me touche beaucoup !
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oh la touchante histoire, j’en ai la gorge serrée
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Merci Adrienne !😘
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j’ai eu du mal à garder les yeux secs, pour dire la vérité 😉
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C’est vrai ? Oh, ça me fait plaisir ça ! Et pardon pour les larmes, alors !
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très belle histoire! tu es vraiment douée, je sais je me répète, mais cela vient du coeur!
au fait pour quand est le nouveau roman? Frénégonde me manque 🙂
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Merci Eve, ça me touche ! 😘
Frénégonde va revenir mais je ne sais pas encore quand. Il y aura certainement un autre texte avant, une pièce de théâtre avec la Baronne et Séraphine.
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Beaucoup de tendresse 🙂 Il est marié le docteur ? 😉
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Va savoir ? 😄
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Joli moment croqué. je me suis laissé porter par l’histoire et les personnages. L’atmosphère y est très bien rendue, je regrette seulement la brièveté du récit. 🙂
Bon dimanche Lydia
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Merci Laurence. Le principe des Plumes est de ne pas faire trop long non plus sinon on passe des heures sur les blogs des uns et des autres à lire nos textes respectifs.
Bon dimanche à toi aussi.
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Bon jour,
Ce n’est pas demain la veille qu’un toubib de notre époque prennet le repas chez un patient 🙂
Max-Louis
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Effectivement ! Encore que, dans les campagnes… Là où j’habitais avant, on invitait le curé, alors pourquoi pas le docteur ?
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Bon jour,
A diplôme équivalant le curé ne mange plus à sa faim … 🙂 Donc, une invitation de ses ouailles de temps en temps …
Merci de vos mots et passage 🙂
Max-Louis
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Avec grand plaisir ! Et merci également pour les vôtres.
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ah, le bon temps des docteurs dévoués corps et âme à leurs patients. Ceux qui se déplaçaient sans regarder leur montre ! J’espère qu’il y en a encore mais…
Je me souviens du docteur Naudet, dans notre village. Des caramels qu’il portait à notre petit frère qui avait failli mourir d’une pleurésie après une rougeole.
Du docteur Travade qui arrivait à minuit, en pyjama sous son manteau, prêt à intervenir sur mon petit dernier. Voilà, je leur rends hommage ici, ils ne sont plus de ce monde depuis longtemps et je ne les oublierai jamais. Ton histoire me les remis en mémoire. Bisous
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Effectivement, c’était « le bon temps ». A présent, on a des docteurs qui ne se déplacent plus, en tous les cas là où je suis. On est obligé d’appeler SOS médecins. Bisous.
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Dis donc! Mais il est hyper bien, ce texte!
Je plussoie Oncle Dan et Laurence !!!
Un beau récit qui fera des petites suites , non ?
Mambo 3 s’est fait une entorse lundi mais elle est légère, elle peut bouger un peu.
Bisous Lydia
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Oh merci Emilie ! Je ne sais pas s’il y aura une suite, ce sont souvent les mots proposés qui m’inspirent.
Dis-donc, les Mambos s’en donnent à coeur joie en ce moment ! Tu as un abonnement à l’hôpital, non ? Pour 3 visites, une gratuite ! 😉 Bon, trêve de plaisanterie, j’espère que ta puce va mieux depuis. Je viens tout juste de rentrer de vacances et je découvre ton message.
Gros bisous !
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Coucou Lydia
J’espère que les vacances ont été bonnes!!!
Oui les Mambos pensent que ma carte vitale est une carte de fidélité ! 🤣
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Ahhhhhhhh ! Tout s’explique !!! 😂😂😂
Oui, les vacances ont été très bonnes. Nous avons pris des coups de soleil monstrueux. On ne se méfie pas du soleil bourguignon mais il tape dur ! Il n’y avait pratiquement pas de réseau et ça ne m’a pas manqué. J’ai pu déconnecter.
Gros bisous.
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texte plein de tendresse, je suis certaine qu’aujourd’hui il reste encore des « docteurs » aussi humains
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Merci !
Oui, sans aucun doute ! Heureusement !
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