
Le Ruban rouge est un petit chef-d’œuvre, et je ne mâche pas mes mots. En effet, au niveau de l’idée, je compare ce livre aux Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar. Carmen Posadas prend un personnage de la Révolution et du Directoire, Thérésa Cabarrus (qui jusqu’ici m’était inconnue, je dois l’avouer) et lui fait faire de fausses mémoires. L’exercice est loin d’être aisé, pour deux raisons:
la première est qu’il faut être très bien documenté, notamment lorsqu’il s’agit d’une période historique.
La deuxième est que ce personnage est plutôt haut en couleurs. En effet, Thérésa est connue pour avoir accumulé les amants. Un des derniers, Jean-Lambert Tallien, n’est pas des moindres.
Le danger était donc de n’être focalisé que sur la vie amoureuse de Thérésa. Or, Carmen Posadas réussit avec brio à nous faire oublier ceci, au profit des éléments historiques, nombreux et enrichissants.
Le narrateur est donc Thérésa. Nous sommes plongés directement dans ses pensées. Nous vivons là la fois l’Histoire et son histoire. Le tout est ponctué d’anecdotes sympathiques et véridiques, ce qui ne gâche rien. Le style est vif, incisif, sans aucune fioriture, ce qui permet l’adhésion du lecteur.
Bref, je pense que vous aurez compris qu’il faut absolument lire ce livre.
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Voici un petit extrait :
« On m’assure que ce sera une mort sans douleur. Il paraît qu’il suffit de fermer les yeux et d’attendre dix à douze secondes. J’entendrai d’abord le sifflement de la lame, puis un bref souffle d’air et, enfin, un coup sec, rien de plus. Nous avons répété hier dans les moindres détails le comportement à adopter avant de monter à l’échafaud. Car là où je me trouve à présent, dans la prison de la Force, à Paris, nous mettons notre mort en scène. »