Entrez dans l’Histoire – Lorànt Deutsch

J’aime particulièrement la façon dont Lorànt Deutsch nous raconte l’Histoire. Ce n’est jamais pompeux ou pédant, il y a toujours cette petite pointe d’humour qui le caractérise et cela permet de mieux comprendre et, par la force des choses, de mieux retenir. J’avais déjà lu Métronome, vu ses émissions, notamment celles avec Stéphane Bern. Je me suis donc attaquée à ce volume. Et j’ai retrouvé exactement le même plaisir qu’avec ses précédents ouvrages. Inspiré par son émission éponyme, il donne libre cours à son style si particulier pour nous narrer des épisodes vécues par de célèbres personnages historiques, de Cléopâtre à Elisabeth II.

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L’Autre Molière – Eve de Castro

17 février 1673. Un de nos plus grands auteurs vient de s’éteindre. Molière n’est plus. C’est ici que débute ce roman choral laissant la parole à différents protagonistes : Le défunt, Madeleine et Armande Béjart, Corneille, Michel Baron. Se déroule alors sous nos yeux le fil de la vie du dramaturge mais également une étroite collaboration avec Corneille.

Eve de Castro joue ici avec les rumeurs, notamment celle mettant à mal le génie comique qui aurait fait écrire bon nombre de ses textes par Pierre Corneille. J’ai aimé cette alternance de paroles, cette différence de points de vue nous permettant de nous plonger dans le contexte, de ressentir ce qu’ont pu vivre l’entourage de Molière. J’ai appris également des choses, comme l’existence de ce comédien avec qui le dramaturge aurait entretenu une relation. Et si ce texte est un roman, jouant ainsi sur le côté fictionnel, il n’en reste pas moins qu’il est passionnant ! Cela m’a permis d’aller faire des recherches, de connaître encore un peu plus en profondeur cet écrivain que j’aime tant.

Les Enfarinés – Jean-Paul Desprat

Voici un livre que je ne regrette pas d’avoir lu ! D’abord parce qu’il s’agit d’un roman historique bien écrit, à l’écriture agréable et fluide. Ensuite, parce que j’ai appris tout un pan d’Histoire régionale que je ne connaissais pas : dans l’Aveyron, certaines familles n’ont pas apprécié le Concordat de 1801, ont caché des prêtres dissidents et en sont arrivés à refuser les sacrements donnés par l’église concordataire.

C’est ce que va nous raconter ce roman : celui-ci débute en 1793 avec la confiscation des cloches. Cela permet, dans un premier temps, de présenter le contexte historique post-Révolution. La famille Fourcous, une des plus vieilles du hameau de la Bécarie, appartenant à la paroisse de Cassaniouze (diocèse de Saint-Flour), donne asile à l’Abbé Lazuech, prêtre réfractaire fuyant les persécutions. C’est un tournant dans leur existence et dans celle des générations futures…

Pourquoi ce titre ? C’est ainsi que furent appelés ces Aveyronnais qui se mettaient de la farine dans les cheveux pour rappeler les perruques royales. Il faut savoir que ces dissidents n’ont pas été les seuls. Il y a eu des groupes dans toute la France et jusqu’à la Belgique. Ils s’appelaient « La Petite Eglise ».

Je ne regrette pas d’avoir trouvé ce livre chez un bouquiniste. Les recherches que l’on peut faire, suite à sa lecture, sont passionnantes.

La poule et son cumin – Zineb Mekouar

Voici une vision du Maroc moderne à travers deux personnages : celui de Kenza, fille d’une famille aisée et celui de Fatiha, la fille de sa domestique. Deux visions qui auraient pu être des clichés. Mais il n’en est rien car Zineb Mekouar ne pratique pas la langue de bois et aborde, à travers ce texte, tous les sujets sociétaux, y compris les sujets tabous.

L’écriture est fluide, très agréable à lire. Les retours en arrière, dans l’enfance de Kenza et de sa camarade nous permettent de comprendre l’évolution du pays et de son gouvernement. Les voyages de certains personnages, en France ou aux Etats-Unis, et leur retour au pays sont révélateurs des moeurs, us et coutumes et du choc culturel que l’on peut avoir ; choc faisant que l’on s’accroche à ses racines ou qu’on les rejette.

J’ai aimé ce livre que j’ai découvert grâce au blog de Pativore.

Que sur toi se lamente le Tigre – E. Malfatto

Ce court roman est un véritable uppercut ! La narratrice, une jeune Iranienne, attend sa mort. Mais qu’a-t-elle fait de si répréhensible ? Elle porte en elle la vie, ou plutôt, paradoxalement, son arrêt de mort. Car la jeune fille n’est pas mariée. Mohamed l’a déflorée avant de partir au combat. Mais celui-ci ne reviendra pas, condamnant ainsi doublement sa promise. Pour aller plus loin dans l’horreur, c’est le frère aîné qui rétablira l’honneur de la famille, avec l’aval de la mère… Certaines règles/lois/coutumes peuvent être terribles !

Tout comme la vie de la narratrice, le rythme des phrases est court, vif, incisif. On alterne entre les voix, dont celle du Tigre, qui connait tout et voit tout. Quelques passages de Gilgamesh viennent ponctuer le récit, alliance entre l’antique et le moderne… Moderne… vraiment ?